L'aviateur, et poète

JACQUES PRADO

  S'il est des inaugurations de rues qui se font en fanfare , il en est d'autre qui s'ouvrent dans la plus grande discrétion !

 Redonnais, connaissez-vous la "rue Jacques Prado"? Non, sans doute, ni ne connaissez point non plus Jacques Prado lui-même !  

  Pourtant, la municipalité a dernièrement baptisé "Jacques Prado" (grâce lui en soit rendues! ) la nouvelle voie prenant à l'extrémité ouest de la rue de la Châtaigneraie, face au restaurant "Le Relais" de notre ami Guinard (1) et débouchant route des Chapelets près de la serrurerie.  (2)

  Mais qui est donc ce Jacques Prado ?

  Né a Redon, rue Nominoe, le 27 décembre 1889 ,il y a tout juste 100 ans, il s'est écrasé à Vaucresson aux commandes de son avion d'essai, le 29 mars 1928, un prototype, car il était ingénieur en aéronautique et donc, à cette époque, pionnier de  l'aviation.

  Sa maman, Charlotte Roux, était redonnaise puisque née Grande-Rue ou son grand père Dubois était libreur-relieur à l’emplacement de la librairie Viel que beaucoup on connue .

  Son  père, par contre, Victor Prado, était lorientais, ce qui amena Jacques à faire des études au lycée de Lorient, puis à rentrer à l'école du Génie maritime.

  S'il était "fort en maths" Jacques Prado, n'en était pas moins poète et c'est en 1927 qu'il publia  "BALISE", un recueil de poèmes  qui lui valurent d’être classé par certains critiques dans la famille des Rimbaud et Corbière.

   "...Sa poésie est savante et d'une ordonnance classique; elle est majestueuse et riche comme la mer à laquelle elle emprunte ses fascinations et ses timbres...Prado avait goûté les premières impressions qu'il nous communique dans ses vers caressants et fluides." ( André Mors ,17 Mai 1928 )    

  "Jacques Prado n'était pas que l'intrépide aviateur bravant le risque quotidien; la science mathématique, au lieu de juguler dans ce cerveau singulier les échappées vers la fantaisie, y atteignait sans doute ce stade aigu de la perfection ou, face au mystère, l'esprit s'évade, insatisfait. De là le prodigieux lyrisme qui l'apparente à Baudelaire et Raimbaud"    ( Jeanne Perdrier-Vaissière ) 

  "Ces "BALISES"...prenaient place auprès  du " Bateau ivre " d'Artur Rimbaud et des " Amours jaunes " de Tristan Corbière " (Henri de Règnier, de L'Académie Française, 1929)

   Ainsi, poursuivant son rapide destin, le poète nous a-t-il trop tôt quittés et il est heureux que sa mémoire soit honorée dans sa ville natale l'année anniversaire de sa naissance. Sa tombe se  trouve dans le cimetière de Redon

   En 1929, un deuxième recueil " Holocauste "fut publié chez le même éditeur, Albert Messein, et avec " Balises "ce sont donc les deux  seules pièces livrées aux lecteurs.

   Détail curieux, Jacques Prado est l’arrière-petit neveu de Julien Dubois, le sculpteur à qui l'on doit le grand Christ en bois d'if qui se trouve au-dessus du maître - autel de notre abbatial. Ce dernier, né en 1806 est l'auteur des " Tètes de lion " à l'Arc de Triomphe de l'Etoile, du tombeau de Monseigneur Sibour à Notre Dame de Paris, d'un groupe  à l’Hôpital Lariboisière  etc....Un authentique artiste donc, peu connu à Redon également mais dont nous pouvons nous enorgueillir.  

Jean Louis LATOUR

(1) Le restaurant n'existe plus, il est remplacé par le centre commercial "Le Relais " à la convergence de la rue de Rennes et de la rue de la Chataigneraie.

(2) La rue des Chapelets  se nomme aujourd'hui "rue Joseph Ricordel" et la serrurerie remplacé par un carrossier.